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Camp de réfugiés en Turquie, le pays qui en accueille le plus grand nombre © cc

Nombre record de personnes déplacées dans le monde

Michel Bührer /  Plus de 68 millions de personnes sont «déplacées de force» en 2017 selon le HCR, qui prône une gestion globale.

La «crise des migrants» n’est pas celle de l’Italie, de la France ou de l’Allemagne, mais celle des pays en développement.
A l’heure où une partie de l’Europe est incapable de se coordonner pour faire débarquer quelques centaines de migrants rescapés en Méditerranée, c’est le message qu’a tenu à rappeler Filippo Grandi, le Haut commissaire des Nations unies aux réfugiés, en présentant à Genève le dernier rapport de son agence sur les personnes déplacées. En effet quatre d’entre elles sur cinq restent dans leur région d’origine.
Des déplacements de force
Avec une augmentation de près de 3 millions sur l’année, le nombre de personnes déplacées de force dans le monde s’établit à 68,5 millions en 2017, un record. Pour le HCR, le déplacement de force est «le résultat de persécutions, de conflits ou de violence généralisée». Cela inclut, près de 20 millions de réfugiés sous la protection du HCR, dont 85% sont accueillis dans des régions en développement. A cela s’ajoutent les 5,4 millions de réfugiés sous mandat de l’UNRWA, 40 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays et 3,1 millions de requérants d’asile. Seuls 5 millions de déplacés sont retournés dans leur région d’origine durant l’année.
Deux tiers de tous les réfugiés dans le monde proviennent de cinq pays. La Syrie arrive largement en tête suivie par l’Afghanistan, le Soudan du Sud, le Myanmar et la Somalie. Les pays qui en reçoivent le plus sont les pays voisins, Turquie en tête, suivie par le Pakistan, l’Ouganda et le Liban.
Le seul pays européens cité dans les huit premiers est sans surprise l’Allemagne (voire tableau). Le Liban paie un lourd tribut à la guerre en Syrie puisqu’un résident sur six est un réfugié sous mandat du HCR. Si l’on compte les Palestiniens sous mandat de l’UNRWA, la proportion monte à un réfugié pour quatre résidents (et un sur trois en Jordanie). Globalement, 16,2 millions de déplacés ont dû faire face à un nouveau déplacement, en raison de violences en 2017.
Une goutte d’eau
Les solutions envisagées par le HCR pour les réfugiés s’appellent retour dans le pays d’origine, réinstallation dans un pays tiers ou intégration dans le pays hôte. En 2017, les retours (667’400) ont surtout touché des pays africains (principalement du Cameroun et du Niger au Nigéria, ou de la RDC, du Tchad et du Cameroun en République centrafricaine). Le HCR insiste sur des retours volontaires et «informés», tout en craignant que cela ne soit pas toujours le cas. Les possibilités de réinstallations ont connu une baisse sensible par rapport à 2016 et ne correspondent de loin pas aux besoins. Quant à l’intégration, elle suit un long processus, mais est en augmentation depuis 2016 (73’400) surtout en raison des naturalisations en Turquie. Ces solutions ne représentent toutefois qu’une goutte d’eau par rapport à l’ampleur des déplacements.

Dans sa présentation orale du rapport à Genève, Filippo Grandi a aussi soulevé la question de ce qu’il appelle les «flux mixtes». Ce sont typiquement ceux qui atteignent l’Europe, tout en étant répandus ailleurs. Les déplacements sont en grande partie forcés, mais mélangés à des migrations volontaires à la recherche d’une vie meilleure.
Solidarité exigée avec les pays qui supportent le plus grand poids des déplacés et des réfugiés
Ce flux mixte introduit une certaine confusion or, «la migration doit se faire de manière ordonnée». Le HCR collabore dans ce sens avec l’Organisation internationale des migrations (OIM). Chaque organisation est en train de négocier un accord global (Global Compact en termes onusiens), l’OIM sur les migrations, le HCR sur les réfugiés. Ce dernier sera basé sur une «Déclaration de New York» adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU en septembre 2016, qui prévoit une meilleure coopération internationale et une solidarité accrue avec les pays qui supportent le plus grand poids des déplacés et des réfugiés.


Themenbezogene Interessenbindung der Autorin/des Autors

Aucuns. L'auteur est correspondant au Palais des Nations à Genève

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