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Die tunesische Anwältin Yosra Frawes © Michel Bührer

Tunesien: Geteilte Opposition gegen Machtapparat

Michel Bührer /  In Tunesien geht es um kommende Wahlen und eine neue Verfassung. Exklusiv-Interview mit der oppositionellen Anwältin Yosra Frawes.

Le 14 juillet 2011, la Haut commissaire pour les droits de l’homme Navy Pillay ouvrira à Tunis le premier bureau des droits de l’homme des Nations Unies sur la côte sud de la Méditerranée. Cette inauguration suit l’annonce faite la semaine dernière lors de la visite d’une délégation à Tunis, que le PNUD était «prêt à mettre [son] expérience en matière d’organisation d’élections libres et transparentes à la disposition de la Tunisie».
Ces soutiens sont bienvenus, mais dans l’immédiat le pays tente de tenir le cap post révolutionnaire, malgré les dissensions. Yosra Frawes, jeune avocate, énergique et volubile, figure parmi les experts de la «Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique». Elle se dit «optimiste avec réserves». Yosra Frawe est aussi membre de l’Association tunisienne des femmes démocrates, un mouvement féministe autonome qui s’élevait déjà contre le paternalisme du premier président Habib Bourguiba.
Question: A quelques mois de l’élection à la Constituante, prévue pour le 23 octobre, où en sont les travaux de la Haute instance?
Réponse de Yosra Frawes: Elle est en crise. Plusieurs partis, dont EnNahda [islamiste] l’ont quittée. Les problèmes ont commencé à la première réunion, les femmes et les jeunes s’estimaient mal représentés. L’assemblée est issue de deux entités, un «conseil des sages» de 20 personnalités et un conseil «de la protection de la révolution» qui représente des organisations et des partis. On a proposé d’élargir aux régions et à la société civile, mais les partis étaient mécontents d’être mis au même niveau que cette dernière. Finalement, ils ont droit à un homme, une femme et un jeune. Certains partis n’ont même pas trouvé de femme…
D’où vient le blocage actuel?
Des partis ont démissionné, d’autres ont suspendu leur participation, car ils refusent notamment le projet de texte sur les partis, qui demande entre autres la transparence du financement. Une partie de l’assemblée aimerait continuer les travaux sans eux, une autre veut retrouver l’unanimité. Des négociations sont en cours avec le gouvernement pour revenir au consensus, mais EnNahda exige d’obtenir la présidence de la Haute instance, à la place de la présidente élue, ce qui est inacceptable.
Quel est le rôle de la Haute instance?
Selon le décret-loi qui l’a créée [le 15 mars 2011], elle est chargée d’étudier les textes de loi et de les proposer au gouvernement provisoire. Elle devait aussi élire la Commission chargée des élections [13 membres choisis le 9 mai], proposer un «pacte républicain» et le texte sur les partis.
L’assemblée veut aussi éliminer de la course à la Constituante tous les gens qui étaient liés de près à l’ancien régime, dont la liste nominative des signataires de la pétition qui demandait à [l’ancien président] Ben Ali de se représenter aux élections. On nous a accusé de vouloir éliminer deux millions de personnes, anciens membres du parti, ce qui n’est pas le cas. C’est la volonté du peuple de se débarrasser des gens qui avaient des postes dans l’ancien gouvernement.
L’élection à la Constituante a été repoussée du 24 juillet au 23 octobre. Une bonne chose?
Oui, mais ça a été une autre crise. Il faut laisser le temps de dresser des nouvelles listes d’électeurs. Jusqu’ici, c’est le Ministère de l’Intérieur qui les contrôlait de manière sélective. Par exemple, moi je n’ai jamais été sur une liste d’électeurs. Les partis ont aussi demandé plus de temps pour se préparer. EnNahda est le seul parti qui s’est déclaré prêt.
La préparation des élections à la Constituante demeure la première urgence?
Pour moi il y a deux choses essentielles à régler: le Ministère de l’Intérieur et celui de la Justice. La Haute instance ne joue pas son rôle de restructuration de ces deux ministères, parce que les partis croient que la Constituante va tout régler. Alors que le RCD [parti de l’ancien président Ben Ali] revient en force aux postes clés. Il y a une forte résistance au Ministère de la Justice contre l’éviction des juges corrompus et la refonte de la Justice.
Selon l’ancienne loi, le Haut conseil de la justice était présidé par Ben Ali et le secrétaire général est le ministre de la justice. C’est lui qui nomme les juges, donc qui écarte les juges indépendants. Il y a confusion des pouvoirs, mais ce Haut conseil existe toujours. De plus, il n’y a aucun processus pour juger les responsables des terreurs passées. Il faut faire de la place aux jeunes. La moyenne d’âge du gouvernement provisoire est de 60 ans et celle de la Haute instance de plus de 50 ans.
Je revendique aussi l’accès aux archives. Il y a 50 ans qu’on est suivis, fichés, nous avons le droit de savoir ce qui en est.
Etes-vous malgré tout optimiste?
Optimiste avec des réserves. Toutes les révolutions qu’a connues la Tunisie depuis le 19ème siècle ont été récupérées. Ben Ali n’a pas su gérer le peuple tunisien. Mais l’opposition n’est pas assez mûre, alors que pour la première fois elle peut participer à la gestion du pays. Il y a eu une régression mentale due à la répression, à l’éducation… Le peuple est peu préparé, il risque d’accepter n’importe quelle recette.


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