BahreinPerlenrevolution

Friedliche Demonatration auf dem Perlenplatz im Februar 2011 © owni

Medien schweigen über Bahreins Terrorregime

Akram Belkaïd, Paris /  Jemen, Syrien und Libyen sind in den Schlagzeilen. Die von den USA tolerierte Repression im Bahrein nicht. Das hat seine Gründe.

R.L. Wenn US-Präsident Barack Obama und viele westliche Medien über Menschenrechte in arabischen Ländern reden, dann werden die schlimmsten Diktaturen in Saudiarabien und im kleinen Inselstaat Bahrein meistens «vergessen». Die beiden sunnitisch regierten Königtümer gelten als Bollwerke gegen den antiamerikanischen und schiitischen Iran.
Mit Dikatoren und Fundamentalisten gegen einen Erzfeind
Früher hatten die USA dem Schah und Diktator von Iran und später den fundamentalistischen Taliban in Afghanistan geholfen, um die kommunistischen Sowjets und Russen fern zu halten. Heute unterstützen die USA mit Milliarden die diktatorischen Königshäuser in Saudiarabien und Bahrein gegen den Hauptfeind Iran. Das kann heute so schief gehen wie damals.
Die Perlenrevolution in Bahrein brutal unterdrückt
Nachdem saudische Truppen dem benachbarten Königreich Bahrein geholfen hatten, die friedliche Perlenrevolution der sunnitischen Mehrheit gewaltsam zu unterdrücken, war im Westen kaum ein Aufschrei zu hören, von Wirtschaftsembargos gegen die beiden schiitischen Königsreiche schon gar nichts.
Bahrein als westlicher Brückenkopf
In Golfstaat Bahrein sind 70 Prozent der Bevölkerung unterdrückte Schiiten. Das sunnitische Herrscherhaus unter Hamad al Khalifa greift massenweise zu willkürlichen Verhaftungen, Folter, Pressezensur, Organisationsverbote, um seine Macht zu erhalten. Es unterdrückte die Perlenrevolution im Februar und März auf ähnlich bratale Weise wie Libyens Herrscher Ghadhafi es getan hatte.
Doch der Westen schaute zu. Er will nicht, dass der Stützpunkt der 5. US-Flotte und der wichtgste Finanzplatz der Region eine Regierung bekommt, welche die westliche Politik vielleicht nicht mehr zu hundert Prozent unterstützt. Zu diesem Zweck malt man das Gespenst an die Wand, Bahrein könnte zu einem Verbündeten Irans werden. Nichts liegt aber den Perlenrevolutionären Bahreins ferner, als sich einem neuen Joch zu unterwerfen.

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Der Journalist Akram Belkaïd verfolgt von Paris aus und mit zahlreichen Aufenthalten vor Ort die Entwicklung der arabischen Länder. Im Folgenden seine Analyse zur Lage in Bahrein im französischen Originaltext. Sie bestätigt den Infosperber-Bericht von Toby Matthiesen, der sich in Bahrein an Ort und Stelle umsehen konnte (siehe Link zum Interview am Schluss).

L’ordre règne à Bahreïn
Pauvres Bahreinis! Plus que les Yéménites dont on parle encore un peu ou des Syriens dont on commence enfin à parler, ils sont les grands oubliés du Printemps arabe. Très peu d’informations les concernant circulent. La presse internationale ne leur consacre que quelques brèves tassées en bas de colonne et même Al-Jazeera – qui joue le rôle de révolutionnaire en chef pour ce qui est de la Libye – préfère détourner ses caméras de la petite île, propriété de la dynastie des al-Khalifa.
A Manama, le monument de la place de la perle – une arche à plusieurs anses avec une perle au sommet – a été détruit depuis plusieurs semaines tout comme plusieurs mosquées chiites accusées d’abriter des activités subversives. Le message est clair: circulez, il n’y a plus rien à voir.
Des militants torturés
L’ordre règne… Tout récemment, un tribunal spécial a confirmé en appel la peine de mort pour deux chiites reconnus coupables du meurtre de deux policiers pendant les manifestations qui ont ébranlé le royaume de mi-février à mi-mars. Quelques jours plus tôt, neuf chiites, dont un religieux, ont été condamnés à vingt ans de prison par la justice d’exception.
La répression contre les manifestants a été et reste féroce. Etat d’urgence, des centaines d’arrestation, des militants torturés, des blessés arrachés à leurs lits d’hôpital, des journalistes harcelés, des journaux menacés de fermeture: la brutale et sinistre panoplie des dictateurs arabes s’est déployée en toute tranquillité pour que cesse la contestation.
Appels en vain de la majorité chiite
On l’a peut-être oublié, mais dans les années 1990, ce qui n’était alors qu’un émirat (Bahreïn est un royaume depuis 2002) figurait déjà dans la liste des pays peu respectueux des droits de la personne humaine. A l’époque, comme aujourd’hui, la majorité chiite appelait la dynastie sunnite à démocratiser la vie politique et à garantir l’égalité de droits pour tous, quelle que soit la confession religieuse.
Rappelons au passage qu’Amnesty international avait alors dans sa ligne de mire plusieurs ressortissants britanniques, accusés de diriger la répression et la torture contre les contestataires bahreinis. Parmi eux, l’écossais Ian Henderson, personnage sinistre qui s’était d’abord fait la main durant la répression de la révolte des Mau-Mau au Kenya et qui a dirigé ensuite d’une main de fer le terrible State Intelligence Security (SIS), les services secrets de l’Émirat.
L’Iran chiite est le bouc-émissaire pour tous les maux
Comme aujourd’hui, la propagande du régime sunnite se bornait alors à accuser l’Iran de tirer les ficelles en manipulant la majorité chiite. 80 pourcent des Bahreïnis sont chiites ce qui pousse la monarchie sunnite à encourager la naturalisation de nombreux sunnites étrangers dont des Jordaniens et des Pakistanais.
Actuellement, cette thèse de la main de l’Iran est servie en permanence dès lors qu’il s’agit d’analyser les événements de la place de la perle. Tout n’aurait été qu’une immense manœuvre destinée à abattre la monarchie et à permettre à l’Iran d’annexer Bahreïn. Il est vrai que le régime des Mollahs – mais c’était aussi le cas pour celui du Shah – n’a jamais cessé de revendiquer sa souveraineté sur cette île. En 2009, une crise diplomatique a même alourdi le climat entre Téhéran et Manama après que plusieurs ministres iraniens eurent déclaré que Bahreïn était «une province iranienne».
Les cris du peuple sont étouffés
La haine du chiisme chez de nombreux sunnites – à l’image des diatribes quasi-quotidiennes que l’on entend sur certaines télévisions du Golfe à commencer par celles de l’Arabie Saoudite -, et la détestation du régime iranien en Occident sont deux facteurs qui expliquent pourquoi les cris de colère du peuple bahreïni sont étouffés. Plutôt que d’écouter ses revendications pour plus de droits, pour une meilleure justice sociale et pour le respect de sa dignité, on feint, en Occident comme dans le Maghreb ou dans le reste du monde arabe, de croire qu’il s’agit d’une guerre confessionnelle attisée par l’Iran.
Non pas de dangereux complices
C’est oublier que de nombreux sunnites bahreinis ont soutenu cette révolutions des perles. C’est oublier que les chiites bahreinis sont, dans leur grande majorité, attachés à leur pays et, surtout, à leur arabité, et qu’ils n’accepteront jamais de vendre leur pays aux pasdarans. C’est oublier que des hommes et des femmes qui manifestent pour réclamer leurs droits méritent mieux que d’être considérés comme de dangereux complices du régime des mollahs. On ne peut s’enthousiasmer pour la Tunisie et l’Egypte et être du côté des persécuteurs dans le cas de Bahreïn.
La peur de l’Arabie saoudite
Malheureusement, il est évident que ce pays n’a pas son destin en main. Il y a d’abord l’Arabie saoudite qui n’acceptera jamais qu’un pouvoir chiite s’installe à ses frontières. C’est bien pour cela que Riyad a envoyé ses troupes à la mi-mars pour aider à mater la contestation. On sait que le régime wahhabite n’a pas admis que la majorité chiite prenne le pouvoir en Irak. On sait aussi qu’il craint que sa minorité chiite – laquelle vit dans la partie orientale du pays, là où se trouvent les grands gisements pétroliers – ne commence à se dire que l’heure est venue pour elle de réclamer ses droits. Voilà pourquoi on peut penser que rien ne changera à Bahreïn – et dans le reste du Golfe – tant que le statu quo politique perdurera en Arabie Saoudite.
Les intérêts de Washington
Il y a aussi les Etats-Unis dont Bahreïn accueille le siège de la 5ème flotte. Pas question, pour Washington, de permettre à un allié potentiel de Téhéran d’y prendre le pouvoir. Pour autant, il faut lire avec attention le dernier discours d’Obama à l’adresse du monde arabe. On sent ainsi que le président américain exerce une pression pour que la monarchie renoue le dialogue avec l’opposition. On devine aussi que Washington ne veut pas insulter l’avenir en se coupant de la majorité chiite. Un jour, le régime iranien finira par changer et, comme en Irak, rien ne dit qu’il ne se rapprochera pas des Etats-Unis. A ce moment-là, une monarchie sunnite minoritaire en son propre pays sur le plan confessionnel ne servira plus à rien…
La première place financière de la région
Reste enfin le grand monde de la finance. On l’oublie trop souvent, Bahreïn est bien la première place financière de la région, loin devant Dubaï ou Doha qui n’arrivent pas encore à jouer dans la même cour. Banques islamiques ou commerciales, succursales de grands établissements, gestion d’épargne: dans tous les cas, l’argent – parfois gris – placé à Manama n’aime pas les turbulences. Voilà une raison supplémentaire qui explique cette honteuse conspiration du silence qui entoure la révolte des Bahreïnis. Mais une chose est sûre, la monarchie n’a gagné qu’un répit. Tôt ou tard, la place de la perle sera de nouveau réinvestie et des poings s’y dresseront pour réclamer la justice et la liberté.


Themenbezogene Interessenbindung der Autorin/des Autors

Der Autor ist Journalist in Paris und spezialisiert auf die Entwicklung der arabischen Welt

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