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Antoine Jaccoud (links) und Christian Brantschen © cc

«Le problème, c’est encore une fois les autres»

Antoine Jaccoud /  Ces petits du Sud devenus grands et trop nombreux qui veulent nous envahir, voilà le problème qu’il convient d’éradiquer.

Red. Le disours du scénariste et dramaturge Antoine Jaccouds à l’occasion de la manifestation contre l’initiative d’Ecopop le 1er novembre à Berne.

On a eu peur. Peur pour nos Audis. Peur pour nos Subaru.

Peur pour nos villas de Cossonay ou de Burgdorf, nos chalets d’Andermatt ou Verbier, nos vacances à Ibiza, Pattaya, ou Veysonnaz. Peur pour nos iphones 5s, nos iphones 5c, nos iphones 6. Peur enfin pour nos cartes de fidélité chez Globus, Ochsner Sport, Dipl Ing Fust….

Quelqu’un avait dit – un fou probablement: il y a un lien entre votre manière de vivre et le réchauffement climatique. Quelqu’un avait dit: il y a une relation entre la façon dont vous consommez et la pollution atmosphérique. Quelqu’un avait dit: plus vous construirez de routes, plus elles seront encombrées. Quelqu’un avait dit: cessez de prendre Easy Jet comme vous prenez le trolleybus. Quelqu’un avait dit: vous allez droit dans le mur, si vous ne voyez la liberté humaine que dans la possibilité de choisir entre Swisscom et Sunrise, KPT et Visana, 20 Minutes et Blick am Abend…

Ces Cassandre avaient tort, évidemment. Ces crétins se trompaient, bien entendu. Ces babacools racontaient une fois de plus des bêtises….

Le problème, en vérité, est ailleurs. Le problème n’est pas nous. Le problème n’est pas notre manière de vivre. Le problème n’est pas notre manière de consommer. Le problème, une fois de plus – et nous en avons l’habitude – c’est les autres. Les autres, oui. Les autres, oui, toujours eux (et jamais nous, j’ai envie de dire). Les autres de l’Afrique. Les autres de l’Asie. Les autres du Sud. Les autres d’en-bas. Les autres de l’étranger. Les autres qui sont autres parce qu’ils sont étrangers.

Bien sûr que ces autres mangent peu (ou en tout cas moins que nous). Bien sûr que ces autres ne se précipitent pas le vendredi soir sur l’autoroute pour arriver les premiers au chalet. Bien sûr que ces autres n’exigent pas des canons à neige pour pouvoir skier jusqu’en-bas sans avoir à déchausser. Mais ces autres font des petits, ces autres font plein de petits, ces autres font beaucoup trop de petits.

Et ça, c’est le problème.

Les petits des autres, les petits des étrangers, les petits des autres qui sont d’abord petits – et même mignons parfois, il faut le reconnaître – mais deviennent grand plus tard, pour nous envahir ensuite et encombrer nos trains, et encombrer nos places, et encombrer nos Denner le samedi à 17 heures, et polluer nos villes et réchauffer notre climat et détruire notre environnement, notre belle Suisse blanche et blonde et verte, pays de lait, pays de miel, pays de bergers, pays de banquiers paisibles et intègres….

Ces petits devenus grands, ces petits trop nombreux, ces petits du Sud qui grouillent et veulent nous envahir, voilà le problème qu’il convient d’éradiquer aujourd’hui, voilà le fléau auquel nous devons nous attaquer maintenant: contraceptifs, capotes anglaises, condoms lubrifiés ou non, Durex à la fraise ou à l’abricot, apprentissage du coïtus interruptus, conférences sur l’abstinence, rien ne doit être négligé pour limiter les naissances des petits, les naissances des autres, les naissances des petits étrangers.

A Dakar, à Kinshasa, à Colombo, à Djakarta, à Tamanrasset, partout nous mènerons ce combat, partout nous dirons aux autres cessez de faire des petits, vous menacez notre lifestyle, faites moins de bébé, vous ébranlez notre confort, arrêtez donc de faire l’amour, vous allez salir nos belles et harmonieuses campagnes.

Ce combat gagné, et nous le gagnerons, nous reprendrons nos vieilles habitudes, nous ferons comme avant, nous ferons tout comme avant: prendre l’iphone 5 avant de le jeter pour acquérir l’iphone 6, prendre l’Audi A4 avant de la jeter pour acquérir l’Audi A 6, acheter des conneries, bouffer de la merde, signer des contrats de leasing, brandir notre Cumulus, brandir notre Supercard – ah la belle vie suisse que voilà – pour ensuite accuser les autres de tous nos malheurs.

Et refermer la porte.

Votons hypocrite. Votons égoïste. Votons xénophobe. Votons Ecopop.

Ce texte a été diffusé par journal-b.ch

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3 Meinungen

  • am 5.11.2014 um 12:05 Uhr
    Permalink

    Mit Sprachwitz und Ironie trifft Antoine Jaccoud den Kern: schuld sind immer die andern. Hauptsache, wir müssen nichts an unserem Lebensstil ändern. Ecopop setzt am falschen Punkt an. Deshalb NEIN zu Ecopop, aber JA zu Raumplanung, Klimaschutz, Abschaffung von Steuer- und anderen Privilegien, usw. und zum zwingenden Überdenken des eigenen Ressourcenverbrauchs.

  • am 5.11.2014 um 14:23 Uhr
    Permalink

    Merci, Antoine Jaccoud, de votre exploit si amer e si bien visé. Vous y devriez attacher un dernier chapitre, c’est-à-dire les conséquences de la malheureuse initiative. Je me demande, entre outre, si l’acceptation fera du bien à la réputation de la Suisse, déjà compromise par celle du 9 février ? Fermer la porte et élever une muraille… Et après, quand on a bloqué dehors « les autres », qui serait coupable si les choses n’iront plus bien ?

  • am 6.11.2014 um 09:27 Uhr
    Permalink

    Magnifique!
    Merci!

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